07/12/09
Cabrettes et Cabrettaïres en deuil…...

Banquet des Cabrettes 5 octobre 2002

Remise du sceau de l'Association

Jean-Louis en 1980

Jean-Louis en 1958

C'est avec un profond sentiment d'émotion que je viens ici rendre hommage à un être cher, à un ami. La mort l'a soudainement arraché à notre affection et plongé le monde de la Cabrette tout entier dans le chagrin et la tristesse.

Jean-Louis Fournier est né le 28 juillet 1936 à St Cyr la Roche en Corrèze, c'est lors de la rentrée en classe de 6ème qu'il monte à Paris où il obtient une Licence de Droit.
C'était un homme délicieux, chaleureux, bon vivant, pétri d'humour, il maniait la langue de Molière avec facilité et subtilité. Il avait de ces mots qui restent gravés dans la mémoire de ceux auxquels ils furent adressés. Il était très attaché à ses racines et à nos traditions rythmées par le son de la Cabrette. C'était aussi un homme de conviction, une figure, un personnage haut en couleurs et une mémoire de notre Association, mais surtout un ami que l'on regrette déjà.

Jean-Louis fait partie des personnalités qui ont fondé notre Association Cabrettes et Cabrettaïres avec Jacques Berthier, Roger Aldebert, Christian Boissonnade, Marcel Marginier et Jo Ayrignac, alors que la Cabrette était dans l'impasse; qu'il n'y avait plus de fabricant ni de professeur; c'était le déclin…

C'est en 1950, vers l'âge de 14 ans, que Paul Faye posa pour la première fois les doigts de Jean-Louis sur une Cabrette prêtée par Gervais Goursolas, Président des Chanteurs Limousins. Deux mois après, ses parents lui achetaient une belle musette avec une tête en ivoire et un 42 Costeroste. Puis, Jean-Louis quitte St Cyr la Roche pour monter à Paris.

C'est en achetant un pied 39, fabriqué par Franc, disciple et collaborateur d'Amadieu, boîtier en ivoire chez un certain Alain Vian, frère de Boris Vian, qui tenait une boutique d'instruments anciens, rue Grégoire de Tours (St Germains des Prés) que Cabrettes et Cabrettaïres commença à germer. En effet, Alain Vian lui parla d'un de ses clients, un certains Jacques Berthier qui jouait de la Cabrette et lui donna ses coordonnées. Et, c'est la visite de Jean-Louis chez Jacques Berthier qui a été l'élément déclencheur de la création de notre Association. A l'époque, Jacques Berthier qui avait reçu Jo Ayrignac la semaine précédente, voit arriver un autre jeune homme de 20 ans dans son bureau qui lui demande "c'est bien vous qui jouez de la Cabrette ? Et bien moi aussi !" C'est en voyant Jean-Louis que Jacques Berthier eu le "déclic". Il se dit qu'il était impensable qu'il existe tant de jeunes joueurs de Cabrette et que personne ne se connaisse. Il décida alors de créer une amicale de Cabrettaïres. Il en fait donc part à Jean-Louis, Roger Aldebert, Marcel Marginier, Christian Boissonnade, Jo Ayrignac et fait passer une annonce dans l'Auvergnat de Paris. La première réunion a lieu chez lui. Deux mois plus tard, la réunion constitutive se déroule à la "Brasserie Henri IV" chez M. Maragonis. Entre temps, Claude Séguret, Marcel Laval, Georges Soule, Jean Levoltry, Maurice Pradeyrol, François Hugon et Gilbert Murat les ont rejoints.

Le 23 avril 1956, l'Association "Cabrettes et Cabrettaïres" est créée. Jacques Berthier en est le Président, Jean-Louis le secrétaire général. Mais à l'époque la majorité étant à 21 ans, et il n'en avait que vingt, c'est le nom de son père qui figure au registre du premier bureau.

Jean-Louis a également fait partie de l'Association des "Musiciens du Massif Central", par l'intermédiaire d'Henri Chaliès, avec lequel il continuait d'apprendre à jouer la Cabrette. En 1956, cette Association fondée par Martin Cayla n'existait plus guère que par son "annuaire". Marcel Bernard en était le Président et Henri Chaliès le secrétaire.

En mai 1956, avec Jacques Berthier, ils font une importante tournée "promotionnelle". Ils voient tour à tour Henri Chaliès, puis Marcel Bernard : aucune objection de leur part, mais un soutien inconditionnel puisque, jusqu'à leur mort, ils assisteront aux banquets de l'Association et Marcel Bernard a participé au jury d'au moins deux Concours de Cabrettes. Puis, ils rencontrent Jean Bonal, à qui ils proposent d'être le Président d'Honneur. Au cours de cette journée, ils sont reçus par Louis Bonnet qui leur propose, d'adhérer à la Ligue Auvergnate et du Massif Central, offre qu'ils déclinent. Ce qui n'empêche pas Louis Bonnet de leur préciser que les réunions hebdomadaires du vendredi seraient annoncées gratuitement en première page de "l'Auvergnat", que le Président serait invité aux déjeuners mensuels de la Ligue et que leur participation était souhaitée à l'orchestre de la "Nuit Arverne" dirigé alors par Joseph Aygueperse. Les premiers banquets de l'Association furent présidés par Louis Bonnet ou sa mère. Le premier fut organisé par Marcel Laval, à la maison des Journalistes, 35 rue du Louvres, le 12 janvier 1957 à 13 heures. Ils étaient 19 Cabrettaïres, 2 vielleux, plus quelques épouses, à peine 30 convives… Le 2ème a eu lieu chez Thoumieux, un corrézien, rue St Dominique, présidé par Madame Bonnet, puis ce fut à la Galoche d'Aurillac. Depuis ce temps là, Jean-Louis a toujours été fidèle à Cabrettes et Cabrettaïres. Comme il aimait le dire : "sauf cas de guerre mondiale ou de catastrophe naturelle, je serais présent au banquet des Cabrettes!"

Nous lui avons rendu un dernier hommage au son de la Cabrette lors de la cérémonie religieuse qui a suivi la levée du corps à St Cyr la Roche en Corrèze, le 2 décembre 2009. Roger Aldebert et Christian Charpentier ont interprété deux regrets d'une grande beauté qui ont caressé ses oreilles et celles d'une foule venue nombreuse, constituée de sa famille, d'amis et de personnalités du monde de la Cabrette dans une atmosphère de profond recueillement.

La mort sépare les êtres, mais jamais les âmes et chacun de nous garde dans son for intérieur ces souvenirs impérissables comme une lumière qui illumine nos cœurs et guide nos pensées. L'Association Cabrettes et Cabrettaïres au nom de tous ses adhérents, tient à souligner combien elle a été affectée par la disparition de l'un de ses plus illustres bâtisseurs. A toute sa famille et amis, je tiens à exprimer personnellement et au nom de l'Association et de tous ses adhérents nos condoléances les plus sincères et notre solidarité dans la peine.